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De la convergence INSPIRE/Open Data

J’ose penser que les lecteurs de ce blog sont à peu près au courant de ce qu’est la directive INSPIRE. Pour les autres, lisez les 320 articles précédents, ou retenez ceci : ça sert à partager de la donnée géographique, c’est-à-dire qui fait référence à un lieu, même de façon indirecte. Mais qu’est-ce que c’est que l’Open data?

Personnellement, j’ai parfois un peu de mal à décortiquer ce qui est placé sous ce terme par les différents acteurs. Ou plutôt, je me rattache volontiers à l’analyse développée dans la première moitié de son entretien par Simon Chignard, figure du domaine : cela recouvre plusieurs idéologies éventuellement antagonistes. C’est pourquoi je préfère « réutilisation des données publiques » (directive PSI) à « Open Data », au moins c’est défini dans la loi.

Pour ceux qui ont le temps, le travail de Samuel Goëta, qui continue brillamment sur le sujet avec l’OKNF, décortique davantage, les enjeux de pouvoir liés à l’Open Data. Pour ceux qui sont pressés, la conclusion est page 76.

Tout cela me mène à cet article à rebrousse-poil du blog Les petites cases (à qui je serai éternellement reconnaissant de m’avoir enfin permis de comprendre ce qu’est le web sémantique!). Il pose l’échec de l’Open data et quelques idées pour y remédier.

C’est là que je trouve la convergence avec INSPIRE. Dès mes premières présentations, en 2008, je liais INSPIRE et réutilisation, tellement il est évident que le partage de la donnée géographique et la réutilisation des données publiques vont de pair.

Ce qu’apporte INSPIRE, c’est de la contextualisation via les métadonnées, de la standardisation via les services web et, plus tard, par les structures de données, une premier niveau d’interopérabilité sémantique (inter-organismes et multilingue, excusez du peu) via les listes de codes, sans compter l’obligation légale de mise en ligne de tout ça. Si INSPIRE n’est pas un outil ou un type d’architecture pour réussir le partage des données publiques, où est l’alternative?

Alors oui, c’est compliqué, informatique, pas sexy, trop lent à mettre en œuvre. Mais, pour paraphraser l’article des « petites cases » en remplaçant Open data par « infrastructure de données géographiques » (IDG), il ne s’agit de rien de moins que de placer « l’IDG au centre de la stratégie de construction des systèmes d’information des institutions publiques. L’IDG ne doit pas être conçu en bout de chaîne mais dans une démarche globale de l’institution. De plus, il faut que l’IDG soit pensé dans la perspective de réutilisation des données, c’est-à-dire dans une démarche de collaboration et de confiance avec les personnes et les organisations publiques et privées qui vont les réutiliser. »

Ce changement de modèle prendra bien quelques années, et ce n’est pas la partie informatique qui sera la plus compliquée. Ce devrait être l’occasion, pour notre communauté, de valoriser nos compétences en gestion de la donnée et de systèmes d’information, ainsi que les compétences relationnelles que notre métier transversal nous oblige à avoir!

NdB : j’avais déjà écrit cet article il y a un an, mais le fait que certains arrivent encore à opposer les deux logiques m’a conduit à une forme d’actualisation de cette mise au point. Commencé en mars, cela n’est pas lié au dernier SIG la Lettre.
NdB2 : l’excellente présentation d’Alain Bergue, de Nantes Métropole, que j’y avais cité est maintenant disponible. Les questions posées dans la dernière partie (à partir de la diapositive 17) me paraissent brûlantes, et à l’oral Alain était encore encore plus percutant.

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