Ce blog a pour but de diffuser les informations liées aux applications et données libre et open source, plus connus sous le terme de GFOSS. Esprit critique, annonce de nouveautés, compte rendu de salon et bien d'autres choses encore, voilà ce que vous y trouverez. RSS Souscrire via RSS

Des logiciels libres aux données libres (partie 1 sur 3)

Introduction

«Il est, je crois, un principe élémentaire du droit d’auteur que l’auteur n’a pas de droit d’auteur des idées, mais seulement dans l’expression de celles-ci. La loi du droit d’auteur ne lui donne pas tout monopole de l’utilisation des idées avec lesquelles il traite ou de toute propriété, même si elles sont originales. Ses droits d’auteur se limitent à l’œuvre littéraire dans laquelle il les a exprimées. Les idées sont des biens publics, l’œuvre littéraire est la sienne.» Justice Thorson P. in Moreau v. St. Vincent

Ce document, constitué de 3 billets dont celui-ci est le premier, a pour ambition de démontrer l’intérêt des données libres en partant d’une description du microcosme des projets libres (communauté, licence, modèle économique, etc.).

Le premier billet décrit les projets libres : liberté, modèles économiques, etc. La plupart des utilisateurs de Firefox, Linux, ou OpenOffice.org etc., ne connaissent ni les principes ni les implications d’un projet libre ou open source et pourtant celles-ci ont des implications sur le logiciel et leur utilisation. Le deuxième billet expliquera le mode de fonctionnement des projets en logiciels libres et open source : communauté, outils utilisés, organisation. Enfin le dernier billet traitera des données libres : quelles licences ? Quels modèles économiques ? Quelles organisations ? Quelles données doivent être libérées ?

Le lecteur notera que je parle ici de “projet libre” et pas de logiciel libre ! Pourquoi ? Parce que le concept du libre a aujourd’hui largement dépassé le cadre des logiciels pour toucher à tout ce qui se créer : logiciel bien sur mais aussi données, document, dessin, musique et vidéo.

Présentation d’un projet libre

Un projet Libre se base sur quatre libertés. Ces quatre libertés autorisent certaines actions, mais en aucun cas elles n’empêchent la commercialisation du projet. Cette commercialisation se base sur un modèle économique. Ce chapitre explique les quatre libertés, leurs conséquences d’un point de vue commercial et les différents modèles économiques créés pour répondre à la problématique des projets libres.

Quatre libertés

Les principes sous-jacent sont toujours les mêmes, ils reposent sur la notion de “liberté” et plus précisément de 4 libertés (Source Wikipédia) :

  1. Liberté 0 : la liberté d’exécuter le programme — pour tous les usages ;
  2. Liberté 1 : la liberté d’étudier le fonctionnement du programme — ce qui suppose l’accès au code source;
  3. Liberté 2 : la liberté de redistribuer des copies — ce qui comprend la liberté de vendre des copies ;
  4. Liberté 3 : la liberté d’améliorer le programme et de publier ses améliorations — ce qui suppose, là encore, l’accès au code source.
Status de la Liberté à Paris.

Pour plus d’information sur les différents types de licence, je vous invite à lire la page wikipedia sur les logiciels libres. Vous y apprendrez les différences entre les différentes licences libres (GPL, BSD, etc.). Pour une comparaison des licences disponibles, lisez le site Veni,Vidi, Libri : tableau de licence ainsi que les fiches licences de la même association.

Projet libre et commerce

Un projet libre n’est pas un projet gratuit, rien n’interdit à son créateur de vendre directement ou indirectement son projet ou en proposant des services autour du projet (nous verrons comment un peu plus tard). Ceci est important car la plupart des incompréhensions proviennent de là : les projets libres ne sont pas gratuit, les projets libres ne sont pas contre le commerce et leurs contributeurs ne seront jamais contre la possibilité de vivre de leur travail ! Il faut bien financer les ordi, le temps, la bière et les pizzas ! Autrement dit un projet libre repose uniquement sur les libertés que lui accordent son auteur.

Mais alors pourquoi un projet libre est généralement gratuit ? Cela est une conséquence directe d’une des libertés (et il y en a d’autre comme nous le verrons plus tard). La liberté 2 vous permet de redistribuer des copies payantes … ou gratuites ! L’équipe d’un projet libre devra donc bien réfléchir à la manière de rentabiliser son projet. D’autre part, vous noterez que l’ensemble des thématiques auxquels touchent les projets libres sont liés directement au monde numérique. Parce que ce qui coûte ce sont les développements du projet. Une fois réalisée cela ne coûte (presque) rien de le copier. Mise à part le prix du CD, de la gravure ou de l’envoi par la poste, ce qui vous sera probablement facturé, les projets libres déjà développés sont gratuit. Ceci peut être relié aux problèmes de piratage et aux arguments des personnes contre la répression.

Mais alors sur quoi repose le modèle économique des projets libres ? Les premiers projets libres (projet de logiciels) ont commencés par le travail de développeurs bénévoles (du dimanche), ces types de projet existent toujours. Puis peu à peu des modèles économiques se sont mis en place, des projets libres entièrement gérés par des sociétés éditrices sont apparus. Généralement on peut considérer quatre types de modèles économiques : celui basé sur les services, celui basé sur la valeur ajoutée, celui sur les doubles licences et enfin celui sur la mutualisation.

Les modèles économiques

Voici quelques explications concernant les modèles économiques.

Modèle économique basé sur les services : ce modèle propose le développement ou l’intégration de projet libre ou la mise en place de service ASP (Application Service Provider). On peut considérer ces sociétés comme des éditeurs open source, dans le sens où elles réalisent le même travaille qu’une société éditrice de logiciels. Camptocamp fait maintenant partie de cette catégorie avec le projet MapFish, la société Makina Corpus également.

Modèle économique basé sur la valeur ajoutée : ici le modèle repose sur un ou des projets libres créés en dehors de la société. Celle-ci proposant des services à valeurs ajoutées : développement à la carte de modules ou extensions, de configuration spécifique, vente de CD de logiciels libres avec de la documentation en français, etc. Makina Corpus est également un exemple de société basée sur un tel modèle économique.

Modèle économique basé sur la double licence : ce modèle économique un peu spécial est basé sur une double licence : une libre et une autre propriétaire. Généralement le projet libre est basé sur une communauté (bénévole ou non) et le projet propriétaire est basé sur ce projet libre auquel est ajouté des modules/extensions/applications propriétaires (la gestion d’un format propriétaire par exemple), des services (documentation en français, support, etc.). Autodesk fonctionne comme cela pour MapGuide (avec les versions OS et Entreprise).

Modèle économique basé sur la mutualisation : La mutualisation évoquée est celle de la mutualisation des ressources : financières et/ou humaines. Dans un premier cas plusieurs clients financent le développement d’un ou plusieurs modules pour un projet. Dans le deuxième cas, plusieurs groupes de développeurs (bénévoles, salariés d’un organismes publics ou privés) développent des modules ajoutés au projet. Le projet CartoWeb de Camptocamp est un exemple qui me semble répondre à ce modèle (plusieurs clients financent un module), OpenLayers ainsi que tous les projets de l’OSGeo (plusieurs sociétés/développeurs développent des modules ajoutés au projet).

Certaines sociétés éditrices de logiciels propriétaires ont un modèle économique très ressemblant à ceux-là dans le mesure où ils vendent un projet propriétaire mais qui repose sur des briques libres. La différence est que ce type d’application repose sur une licence très permissive (type BSD) qui autorise les utilisateurs à changer la licence (licence BSD ⇒ licence propriétaire). On peut considérer que leur modèle économique est basé sur un mélange du modèle type double licence et à valeur ajoutée.

Quel intérêt un projet a à choisir une licence BSD ? Les licences libres autorisent les modifications du codes, et qu’elles autorisent le changement de licence ou non, il est de l’intérêt du développeur de reporter ses modifications (liberté 3) dans le projet initial. Celui-ci gagnant des fonctionnalités supplémentaires, une meilleure stabilité, etc.


Posté le : 18 Juin 2009
Posté dans Avis personnel, Données |

Un Commentaire

1 Juil 2009 - 12:07:00
Robin a dit:

Très intéressante cette série d’article ! Merci 🙂

Désolé, les commentaires pour cet articles sont clos pour le moment.


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