Frédéric, par Fred bien sûr !
10ans | 9 juillet 2009L’interview auquel vous ne pouviez pas échapper, celui auquel nous n’avons pas su résister :
Frédéric Pouget par Frédéric Pouget (et réciproquement ! )
Frédéric, peux-tu te présenter ?
Frédéric Pouget. 49 ans, je vais bientôt passer dans le demi-siècle suivant. J’ai 3 enfants et depuis plus de 8 ans je suis maître de conférences à l’Université de La Rochelle, responsable de la Licence professionnelle Systèmes d’information géographiques. Auparavant, de 1993 à 2000, j’étais à Toulouse à l’Eptege, où j’ai mis en place la formation de Technicien supérieur spécialisé en SIG. Avant cela j’ai travaillé 4 années chez Geosys, suite à une thèse « Caractérisation des faciès du littoral dunaire aquitain par télédétection » réalisée au sein de l’INRA et après avoir été diplômé de l’ESGT.
Nous avons dû attendre ton retour de l’océan indien pour réaliser cet interview. Mais peux-tu nous dire ce que tu faisais là-bas ?
Je viens de passer un mois à naviguer, avec une quarantaine de scientifiques, sur un bateau de 120 m de long entre des îles assez extraordinaires qui appartiennent à la France et que personne ou presque ne connait : les îles Éparses. L’objectif de la mission était de réaliser un bilan de l’environnement, en confrontant les regards d’une équipe pluridisciplinaire comprenant des spécialistes des tortues, des oiseaux, des coraux, ou même des épaves, … et de réaliser une cartographie géomorphologique de ces îles qui n’ont jamais été cartographiées auparavant. Pour un cartographe, être le premier à cartographier de tels lieux est un véritable bonheur.
Quel est ton violon d’Ingres ?
Tout ce qui tourne au tour de la mer. Je suis entre autres passionné de planche à voile, et à une certaine époque j’étais plus connu comme véliplanchiste que comme géomaticien.
Quelles sont les évolutions notables de ton activité ces N dernières années ?
N = bientôt 30 ans, puisque ma première action en géomatique était en 1978 pour l’examen préliminaire de géomètre-expert où nous avons dû réaliser un dessin avec des ordinateurs et, j’ose à peine le dire, nous avons travaillé à l’époque sur des cartes perforées.
C’est un peu banal de dire que c’est une révolution complète. D’abord l’informatique, puis Internet. Mais en prenant du recul ce qui m’impressionne le plus c’est la capacité d’adaptation à ces nouveaux outils des différentes personnes, qui ont su passer du Rotring aux bases de données.
D’après toi, vers quelles directions se situe l’avenir de la géomatique ?
La géomatique va devenir de plus en plus intime avec de plus en plus de monde : elle rentre de plus en plus dans le quotidien, dans le téléphone portable par exemple, et on ne sait pas où cela va s’arrêter… C’est la démocratisation et l’usage de plus en plus fort de l’information géographique et de la géolocalisation et la généralisation de tout ça.
Quelle est ta perception de la géomatique en France par rapport aux autres pays (d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie, d’Afrique) ?
J’ai plutôt l’impression que nous sommes partis avec du retard, et que désormais nous sommes dans le peloton de tête. Mais certains pays sont plus dynamiques que nous : en Espagne, il y a une culture du partage des données qui est différent de chez nous, en particulier pour les données environnementales ou parcellaires. Et puis il y a aussi le logiciel libre GvSIG qui n’a pas, que je sache, d’équivalent en Europe.
La crise économique a-t-elle un impact sur ton activité ?
L’Université n’est pas impactée, mais la crise nous oblige à nous adapter et à être de plus en plus performants pour assurer une formation de qualité, afin que nos étudiants puissent trouver une bonne insertion professionnelle. Après nous n’avons pas vraiment ressenti les effets de la crise au niveau de la recherche des stages. Au contraire nous avons eu encore plus d’offres cette année que l’année dernière.
Quel est ton avis, ton regard sur l’open-source ?
Regard intéressé. C’est un pilier incontournable sur lequel va s’appuyer l’avenir de la géomatique, c’est une évidence. Il y a des bases de l’open-source sur lesquelles on va travailler de plus en plus fréquemment. C’est un tournant capital qui a été pris.
A l’université, la formation de technicien est avant tout axée sur les outils utilisés par les professionnels, donc cela reste aujourd’hui les outils propriétaires . Cependant nous abordons GDAL, PostGIS et MapServer. Année après année, le cursus peut être revu pour y intégrer une dose plus importante d’open-source. Nous y sommes attentifs.
Quel est ton avis, ton regard sur les globes virtuels (Google Earth, Virtual Earth, Nasa World Wind) ?
Je trouve les globes virtuels vraiment fabuleux. Je trouve extraordinaire qu’un enfant et un scientifique puissent utiliser le même outil. Sur le bateau pendant la mission aux îles Éparses, tout le monde avait utilisé Google Earth pour prendre connaissance des territoires à explorer. C’est vraiment un outil extraordinaire pour la connaissance de la planète. Je suis d’autant plus sensibilisé que cela fait des années que je suis passionné par les images prises de l’espace, par les satellites. J’ai éprouvé un intérêt très fort dès le départ de ce projet.
Que dirais-tu à un jeune qui hésite/qui pense à faire des études de géomatique ?
Je reste toujours prudent quand je vois des jeunes venir dans ce domaine, car je veux m’assurer qu’ils ne viennent pas uniquement parce que la géomatique à la réputation d’être un gisement d’emploi. Je veux surtout les avertir que certes c’est passionnant, mais ce n’est pas facile, qu’il y a énormément de qualifications à développer, qu’il faut être passionné et aimer l’informatique.
Depuis combien de temps connais-tu GeoRezo, et comment es-tu arrivé à le connaitre ?
Je connais GeoRezo depuis que les gens me félicitent sur ce site (rires !). Je me souviens notamment d’une personne au début de l’année 2000, qui m’avait félicité pour mon initiative, jusqu’à ce que je lui dise que j’en avais pas la paternité…
Qu’apprécies-tu le plus, qu’apprécies-tu le moins sur GeoRezo ?
La réactivité, le sérieux et la fiabilité.
Quels services utilises-tu sur GeoRezo (forums, Job/CV, Biblio, Agenda, Annuaire, Wiki, Blogs) ?
J’utilise surtout les forums Géomatique et Job et de temps en temps Biblio-SIG.
Que viens-tu chercher sur GeoRezo ?
De l’échange et de la veille technologique. Je viens me mettre dans le bain de la communauté, un peu comme aller dans un colloque pour ne pas reste isolé, écouter ce qui ce dit et voir ce qui se fait.
Que penses-tu de GeoRezo ? Lâche-toi !
Une bonne idée, plein de bonnes volontés et de gens de qualité qui l’on fait vivre. J’en connais un certain nombre. J’aurai envie de leur dire : « continuez à innover et ne tombez pas dans le train-train ». Faites rentrer des jeunes et continuez à renouveler les ressources.
Quelle question aimerais-tu poser à GeoRezo ?
Combien d’heures dormez-vous la nuit ? (rires !)
Frédéric, merci !!
Propos recueillis par Fred
Bonjour, Je vous félicite pour cet entretien intéressant, étant nouveau diplômé
salahBonjour,
Je vous félicite pour cet entretien intéressant, étant nouveau diplômé dans la géomatique, et en réaction aux propos de monsieur Frédéric sur la crise et l’université. Je trouve au contraire que l’université et notamment les nouveaux diplômés, sont très touchés par cette crise, le fait de dire, que cette années le nombres d’offres de stages ont augmenté est une preuve que la crise est bien là! tous le monde sait que les entreprises profitent des stagiaires pour contourner la crise. durant mon stage de six mois, j’ai bien vécu cette situation.