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La réforme territoriale, une validation de la politique de partage des données

La réforme territoriale est inquiétante pour tous les acteurs territoriaux du l’information territorialisée. L’incertitude sur les futures organisations et les futures missions est complète sauf, peut-être, en Bourgogne-Franche-Comté. Et la plupart des acteurs se gardent bien de la prise de décision en situation d’incertitude.

Quels leviers avons-nous pour faire bouger les lignes et défendre les investissements humains et budgétaires de ces dernières années?

Présupposé n°1 : la réforme territoriale va être un cauchemar pour les DSI. Même sans transfert de compétence des départements vers les régions, la seule fusion de systèmes d’information de deux entités est d’habitude un carnage combat, avec des pertes. Si les routes devaient rejoindre le niveau des grandes régions, s’ajouteraient à la difficulté de réunir les données soigneusement en silo la pression opérationnelle de l’entretien, de déneigement etc.

De la même manière, la création des métropoles va conduire à des transferts de gestion de l’information assez massifs.

Comme les DSI comprennent souvent mal les spécificités informatiques du domaine de l’information géographique, il y a deux tendances possibles : le laisser de côté car non stratégique (ce fut la décision lors de la création des DDT) ou le traiter comme n’importe quel autre élément du SI, au risque de (lourdes) pertes fonctionnelles.

Présupposé n°2 : les délais politiques ne sont pas compatibles avec les délais techniques. Personne (j’espère!) ne pense que la création des systèmes d’information des nouvelles régions peut se faire rapidement : selon mon expérience, l’urbanisation des systèmes d’information prend couramment deux à trois années. Et encore, si le système source est déjà suffisamment modulaire et ouvert. Pour ce que j’en sais, c’est rarement le cas des systèmes de gestion des ressources humaines ou de la gestion budgétaire. Ce seront probablement les cibles prioritaires des DSI, avec les systèmes de communication (téléphonie, messagerie, sites internet…).

Il est donc assez facile d’imaginer que les futurs responsables opérationnels des grandes régions vont être conduit à exiger, purement et simplement, les données des uns et des autres, par mail ou FTP. Et chacun de nous sait que le résultat sera inexploitable facilement, coûteux à agréger et donc impossible à tenir à jour.

Présupposé n°3 : notre domaine a quelques arguments à faire valoir. Différents problèmes informatiques subsistent et sont autant d’obstacles au partage des données. Mais nous estimons qu’ils sont surévalués par rapport aux obstacles culturels, et donc résolvables par un investissement adapté. Ce qui veut dire qu’une stratégie de partage par services en réseau semble possible.

Elle est en effet moins déstabilisante pour les services producteurs, qui restent maître de leur processus de production. Elle est plus économique, parce qu’elle assure un premier niveau d’interopérabilité. Elle est plus sûre, car elle permet la fourniture fréquente de mises à jour, avec à terme du quasi-temps réel). Enfin, elle est rentable par rapport aux démarches de ces dernières années : cataloguer, c’est d’abord sécuriser le patrimoine de données, notamment contre la perte mémorielle. Plus la structure est grande, plus il faut investir pour être sûr d’être d’alimenter un décideur à partir d’ informations fiables.

C’est exactement pour cela que nous nous étions intéressés aux services web de l’OGC en… 2003 : pouvoir réunir dans Cartorisque des données produites par plusieurs établissements publiques producteurs. Je pense que l’analyse reste valide, avec des outils nettement, nettement plus matures!

Évidemment, chaque structure a des niveaux d’avancement très variable dans le partage de l’information géographique. Je pense que celles qui ont investi dans cette direction ont un avantage compétitif majeur à faire valoir auprès des décideurs. Et celles qui n’ont pas encore beaucoup investi auront l’opportunité d’éviter les plâtres que les premières ont essuyés 🙂

Certitude n°1 : rien de tout cela ne sera facile, ou confortable, ou sans échec. Simplement, quels sont les autres chemins?

En 2008, au moment de la création des directions départementales interministérielles par la RGPP, il avait été envisagé de réunir les géomaticiens auprès des préfets (de département). Coupés des producteurs d’information, qu’auraient-ils pu devenir? Cette pente simpliste peut encore être envisagée par d’autres. A l’époque, l’argument de la stratégie déterminée et des investissements convergents des ministères de l’écologie et de l’agriculture a été majeur pour conserver des compétences géomatiques dans les DDT.

Je souhaite un succès similaire aux géomaticiens concernés.

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