Un service de GéoRezo

Les PME ont-elles une place dans INSPIRE?

J’avais déjà évoqué les PME dans un billet récent.

La synthèse de l’atelier a été fort généreusement traduite par l’Afigéo. Elle a donné lieu à quelques échanges avec David Jonglez, que nous avons convenu de publier ici. Le texte de David est en bleu, mes éléments sont en rouge (pas en tant que correcteur de David, mais par souci de cohérence graphique avec le bandeau 😉 )

1/ « Le focus sur Inspire devrait maintenant plus porter sur le contenu / les données que sur les technologies. » Cette préconisation est fondamentale, mais sous réserve des licences appliquées à ces contenus ! C’est l’une des failles d’INSPIRE ! La Directive ne donne aucune obligation ni même préconisation sur les licences à adopter par les producteurs de données. Des contenus sans licence ouverte ou sous licences ouvertes mais non compatibles, ne permettront pas d’avoir l’effet escompté en matière de création de valeur (PME ou entreprises en générale) ! Un autre point associé, concerne l’homogénéité, la qualité des données et l’accès aux données brutes. Des contenus sous licences ouverte : OUI ; mais pas n’importe comment …

Sur le contenu et les licences, c’est à mon humble avis une erreur de cible. J’ai répondu dans ce billet d’hier. C’est la directive PSI (transposée en droit français dans la loi 78-753 dite « loi CADA ») et plus concrètement la charte du G8 (« tout gratuit ») qui va régler cela. Comme dit précédemment, les données publiques sont déjà gratuites sauf rares exceptions, et sous licence ouverte ou assimilée (ODbL). Mais la normalisation technique  des services et des données, qui permettent aux entreprises innovantes de créer des services vers le client final (apps & co) viendra d’INSPIRE.

2/ « ce qui constitue la valeur ajoutée d’Inspire (vrais besoins, au quotidien) est encore trop peu appréhendé par le plus grand nombre au niveau local. » L’imprécision de cette phrase accentue encore plus mon impression de décalage entre la directive Inspire et les besoins du marché ! Comme mentionné à plusieurs reprises, Inspire a (finalement) été conçu pour favoriser l’échange d’informations entre organisations (essentiellement entre les collectivités, les services de l’état et quelques grands opérateurs de réseaux). Et elle y répond plutôt bien dans l’ensemble ! Aujourd’hui, il est donc très difficile de revenir en arrière pour escompter y associer les PMEs ou le grand public. Seule une refonte (complète) le permettrait véritablement, et dans l’idéal, dans un processus de co-design pour y associer dès sa genèse l’ensemble des parties-prenantes, dont les PMEs.

Plutôt d’accord sur le fond, sauf la partie « co-design » (décidément) . INSPIRE n’est pas conçu pour les entreprises mais pour les échanges entre autorités publiques. Toutefois, ce sont bien les entreprises qui développent les outils des autorités publiques. Nous allons maintenant essayer de structurer cela davantage au niveau européen.

3/ « Cependant, un sentiment positif s’exprime d’une manière générale, sur les véritables opportunités crées par Inspire pour les PME, notamment pour les activités de consultance et de formation. » C’est un constat assez fade à mon goût … Cette phrase laisse entendre qu’INSPIRE n’a pas permis aux PMEs innovantes de s’associer à la mise en œuvre d’Inspire. Et je pense que c’est une réalité ! (sauf exception)

C’est sans doute vrai en France, même si certaines émergent, mais est-ce si vrai dans le reste de l’Europe? La carte des entreprises inscrites sur le site smeSpire et les conférences européennes me laissent penser que les PME françaises sont plutôt en retard par rapport à l’Europe du nord. Or, INSPIRE construit un marché européen des services informatiques plus que de la consultance. D’où mon inquiétude.

4/« le besoin de définir une stratégie de communication pour les entreprises, aussi pour expliquer en quoi les administrations publiques tirent bénéfice dans la mise en œuvre d’Inspire » Pour moi il y a un fort contre-sens dans cette phrase. Elle laisse entendre que l’administration a besoin de se justifier auprès des entreprises sur le sujet Inspire … On place encore l’entreprise à l’extérieur du Cercle et l’administration au centre !!! Je pense que les entreprises n’en ont que faire de ce que les administrations retirent d’Inspire …

Sur le fond, je suis persuadé que la communication n’y changera rien … Ceci va engendrer des coûts importants pour une « plateforme » qui n’est pas pensée pour les entreprises.

La meilleur communication qu’INSPIRE pourrait faire réside dans : la clarification de la ré-utilisabilité des données (licences), la mise à disposition de ces données (brutes) sous formats ouverts et/ou de flux et/ou d’APIs, l’harmonisation des données ainsi mises à disposition.

Ce que je traduis par « licence ouverte », formats structurés et transformables en formats moins confidentiels que ceux de l’OGC (*JSON, CKAN quand on y arrivera – ce n’est pas fait!- etc.). Ce n’est pas contradictoire. INSPIRE est une infrastructure, largement inutilisable sans ajouts (peinture sur la chaussée, panneaux, police) sauf que nous avons réussi à éviter les barrières de péage à l’entrée. Le moissonnage du Géocatalogue par data.gouv.fr branchera mieux INSPIRE et Open data et offrira ainsi une possibilité supplémentaire d’emploi. Mais le temps de la construction d’une telle infrastructure (et du changement des mentalités) n’est pas le temps des start-up et des réseaux sociaux.

Pour le reste, si les données sont de qualité et utiles dans le quotidien des entreprises ou des citoyens, elles seront alors réutilisées au sein d’applications clientes. Je rejoins le premier point : pour attirer les entreprises autour d’Inspire, l’effort doit être porté sur les Contenus.

+1

Tags: , ,

Une réponse to “Les PME ont-elles une place dans INSPIRE?”

  1. La Minute GeoRezo » Newsletter n°9 dit:

    […] le dialogue original avec David Jonglez sur la place des pme dans INSPIRE, […]

Laisser une réponse