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INSPIRE détruit-il des emplois?

Ce matin, tôt, avant le café, mon beau-frère, producteur de lait en montagne dans le civil, me demande de lui expliquer ce que je fais, déjà, au fait.
Quelques borborygmes rapides sur le partage de l’information géographique, la mutualisation etc. plus tard, il me pose une bonne question : « mais cela ne va-t-il pas détruire des emplois? ».
Ah.
Premier niveau de réponse : il me semble que l’Etat n’a pas attendu INSPIRE et la rationalisation des productions et échanges d’information géographique pour rationaliser (sic!) ses effectifs. En tout cas, je ne me souviens pas que ce soit son principal argument.

Deuxième niveau de réponse (la première neurone se boote) : quand on voit le nombre de fois où la même – ou quasiment la même – information est numérisée sous financement du contribuable local ou national, il ne fait pas de doute qu’un monde parfait de circulation fluide d’informations appuyées sur des registres certifiés (ne vous inquiétez pas, je suis en plein sur les registres, en ce moment) se traduirait par de moindre besoins en professionnels et stagiaires. Ce monde parfait n’existera jamais, bien sûr, mais quand on parle économie dans les productions par un accès plus facile à des données davantage interopérables, c’est bien synonyme de faire autant avec moins d’effectifs, surtout dans la sphère publique. Sans compter que l’innovation détruirait plus d’emploi qu’elle n’en crée, si l’on en croit The economist dans son édition du 14 janvier (l’article complet fait 8 pages et n’est pas drôle).

Troisième niveau de réponse (une fois le bol de café vidé et la seconde neurone activée) : on peut espérer aussi faire plus avec les mêmes effectifs. La réduction des coûts des bureaux d’étude et l’amélioration du service peut être une opportunité de développement pour eux. Surtout, la tendance est plutôt à l’investissement lourd : réforme du plan cadastral (avec la RPCU) et référentiel à très grande échelle lié à la réforme DT/DICT (on parle de 700 M€ d’euros!) vont occuper bien des gens dans les dix ans à venir. Et la dynamique de l’open data pousse en parallèle à investir dans l’amélioration de la qualité et l’interopérabilité (INSPIRE ou pas).

En conclusion, on peut être optimistes pour l’emploi dans le domaine de l’information géographique pour les dix ans qui viennent. Après, c’est plus flou, en particulier parce que les capsules de café toutes prêtes rendent rare le marc de café, révélateur du futur et instrument privilégié des économistes!

NdB du 16.02.14 : mon beau-frère est super mainstream : voir ce billet Numérique : 1- travail : 0 de Nicolas DEBOCK.

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