Données d’intérêt local et données d’intérêt national et européen
Trop de données tue les trouver
(oui, je sais, mais j’aime bien cette métrique)
Tout praticien sait la difficulté de trouver les données adéquates sur les grands catalogues comme le Géocatalogue national. Ce qu’on sait peut-être moins, c’est que cette difficulté se rencontre dans tous les États membres un peu étendus ou disposant d’un grand nombre de métadonnées, et sur le Géoportail européen.
Cet échec de la première promesse du triplet « trouver-voir-télécharger » fait peser une ombre sur la réussite d’INSPIRE.
Dans les échanges au niveau européen, l’analyse des causes est assez consensuelle : métadonnées mal remplies (les géomaticiens européens ne sont pas des documentalistes, à chacun ses compétences), inadéquation de la norme ISO19115 à des usages somme toute basiques, défauts multipliés de façon exponentielle par le très grand nombre de métadonnées en ligne.
La Commission européenne cherchent depuis des mois à corriger cela (voir le compte-rendu de la commission « Règles de mise en oeuvre » du 13/03/18, point 1) Lors de la dernière réunion du Comité INSPIRE, à la suite d’une proposition française de filtrer les données entre le niveau local et les niveaux national et européen, le président du comité a proposé de ne plus transmettre au Géoportail européen que les données répondant à un usage national.
Je souhaite ici expliquer la logique qui sous-tend cette proposition, laquelle converge avec notre propre analyse.
Ne renvoyer au niveau supérieur que les données qui lui sont utiles
Indépendamment d’INSPIRE, les États membres envoient vers le niveau européen des comptes-rendus obligatoires de mise en œuvre des différentes directives. En 2016, à l’initiative des Pays-Bas, les États membres ont demandé à envoyer moins de données, davantage exploitables et répondant strictement aux besoins européens.
A cette occasion, la France a exposé que, dans un pays étendu comme elle, les besoins nationaux de données (par exemple, la qualité écologique de l’eau ou le risque inondation) étaient les mêmes que ceux européens. En effet, en France le niveau national (=le ministère en charge de l’environnement) requiert des données pour l’évaluation nationale, de même que la Commission européenne n’a besoin de données que pour l’évaluation européenne. Vu la taille de notre pays, et en tout cas pour les affaires environnementales, nous considérons que ce peuvent être les mêmes.
En revanche, les données, souvent très détaillées, produites par les différents services et agences déconcentrées et décrivant les situations locales, servent à la prise de décisions opérationnelles adaptées par les préfets concernés. Pourquoi faire remonter spécifiquement des données détaillées, lourdes à manipuler, qui ne seraient pas exploitées? De toutes façons, elles sont en ligne en cas de besoin.
Valoriser les données environnementales de référence
Il y a deux ans, nous avons créé une page sur le Géocatalogue avec « les référentiels environnementaux français« . C’était une mesure d’urgence, et le processus est notoirement non conforme aux règles élémentaires de l’intégrité des systèmes d’information puisqu’il repose sur l’envoi, par les directions générales responsables, des URL des données et services en question. Constat : l’espérance de vie de ces URL est nettement inférieure à un an.
La proposition de la Commission européenne est d’ajouter un mot-clé spécifique à une liste limitée de ces données de référence. L’enjeu est de rendre INSPIRE efficace en tant qu’infrastructure pour trouver et exploiter des données environnementales de référence sur toute l’Union européenne. S’agissant de quelques dizaines de fiches de métadonnées, de surcroît produit par des établissements publics nationaux, cet ajout est considéré comme négligeable, à plus forte raison lorsqu’il est réalisé lors de la saisie initiale de la fiche.
Cela permettra de développer sur le Géocatalogue un service spécifique pour repérer les données de référence, pour l’environnement comme pour les données de l’annexe I, directement à partir des métadonnées, et de n’envoyer vers le géoportail européen que les données utiles à la création de couvertures européennes.
Bien entendu, le géocatalogue restera celui de l’ensemble des données géographiques françaises, ne serait-ce que pour les besoins de rapportage d’INSPIRE.
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