Pourquoi on ne respecte pas (toujours) les droits de propriété intellectuelle?
Ici, le « on » vise les services de l’Etat. En effet, l’ouverture de GéoRhôneAlpes (voir ce billet) a provoqué un certain étonnement (mais comment ces *¤$£%§ ont-ils pu faire cela?) chez les plus attentifs des chercheurs de données. A l’évidence, des données avaient été fabriquées sans tenir compte des licences des sources. Cela touchait aussi bien un site de POI sur les campings que Google soi-même.
En fait, tout à la joie d’ouvrir et d’offrir leurs données au monde, et peut-être aussi à cause d’un paramétrage un peu osé côté serveurs, des données dites internes ont été exposées sur internet par leurs producteurs. Une fenêtre sur notre cuisine interne.
Que montre-t-elle? Que pour gérer une crise, par exemple une inondation torrentielle, on a besoin de savoir où sont les gens à secourir, en particulier les plus faibles d’entre eux et ceux qui ne sont pas dans des maisons en dur. Or, dans notre beau et grand pays, et même si les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) sont en première ligne avec les honneurs, nous n’avons pas de base nationale des campings (mais des paquets de fichiers un peu partout), pas plus que de base officielle et ouverte des établissements recevant du public (ERP). Donc, chacun fait au mieux, invente, bricole, échange (pas encore partout, malheureusement), cela coûte cher au contribuable pour une qualité (surtout une actualité) pas toujours présente. Et, en cas de catastrophe, comme ce qui se passe en ce moment en Bretagne, comment dire? on s’en fiche un peu, des droits de propriété intellectuelle! On appelle cela « la clause exorbitante du droit commun » (liée à la puissance publique).
Entendons-nous bien : c’est mal de ne pas respecter les licences, que ce soit celle de Google, d’OSM ou de l’association loi de 1901 du coin de la rue. Il vaudrait mieux partager dans un groupe régional que faire dans son coin. Nous visons cela aussi, avec INSPIRE. Ce qu’on a pu voir, à cette occasion, c’est la débrouille qui fait que les services fonctionnent à peu près malgré les cloisonnements et les antagonismes de la vie en société sans lesquels la productivité s’élancerait vers le ciel comme une tour qatari et la vie manquerait de sel. Quoique.
La transparence, au début, c’est aussi voir la poussière sous le tapis. Oser la transparence, c’est prendre un risque. Cela devrait être salué, et les défauts pardonnés, au moins au début, non?
Prochainement, la suite du feuilleton: pourquoi tout le monde devrait se former aux licences et le fait trop peu.
Tags: impact, juridique, licence, propriété intellectuelle, transparence
12 février 2014 à 13:40
Les cas de force majeure doivent bien sûr faire l’objet d’un traitement particulier.
Nous (OSM) connaissons assez bien ce sujet, vu l’expérience que nous avons pu avoir à de nombreuses reprises où un manque d’accès à des données existantes (en général des images satellite) ne nous permettait pas d’aider à cartographier des zones où se déroulait une crise humanitaire (dernier cas avec le typhon Haiyan où cela a pris du temps pour accéder à des images).
Ce qui reste étonnant pour un citoyen lambda, c’est de découvrir avec ces explications que maintenir un fichier des emplacements de campings est quelque chose de visiblement compliqué.
Il doit y avoir pourtant pas mal d’autorisations données par différents services officiels pour que ceux-ci puissent avoir le droit d’ouvrir, non ? Le comité régional du tourisme doit bien avoir ça non ? (ah oui, ça a aussi été géoréférencé sur Google pour le cas du SITRA)
Vu de l’extérieur, ça fait peur de constater que ce n’est pas le cas, que l’échange a l’air d’être l’exception plutôt que la règle, que l’outil informatique est si morcelé et qu’un nombre innombrable de silos font et refont la même chose ou presque.
Remarquez, l’État n’est pas le seul dans ce cas. De grandes entreprises (publiques ou non) ont les mêmes problèmes.
Le cataloguage des données permet de s’en rendre compte, et c’est une étape nécessaire pour passer à la suivante: organiser un mode de travail plus collaboratif sur ces données… travailler plus efficacement.
Les barrières artificielles que sont les licences sont l’autre obstacle à faire tomber pour faciliter ce travail collaboratif afin de ne plus avoir à se demander sans arrêt si on peut ou pas partager des données… cas de forme majeure ou pas.
Merci Marc pour ces explications !
13 février 2014 à 0:18
En effet, le problème de l’Etat est strictement le même que celui des grandes organisations, c’est une affaire de sociologie et pas de politique. Sauf que sa taille joue contre lui, et que les attentes des Français pour le sacro-saint pouvoir parisien (!!!) jouent au carré.
Avec ce billet, j’ai voulu montrer l’envers du décor, en particulier dans un domaine que j’ai un peu croisé comme la crise. Les cellules de crise en préfecture (par exemple) gèrent avec des bouts de ficelle et un énorme engagement des collègues fonctionnaires (pas trop à la mode en ce moment, mais sans eux, que ferait-on?).
Je témoigne qu’en 10 ans, tout a fait un bond en avant. Mais, en professionnel de l’info-géo, je sais qu’on pourrait faire beaucoup mieux avec moins d’énergie, qui pourrait s’investir ailleurs.
Sur les licences, c’est le billet que j’aurais dû écrire ce soir, mais « j’ai pas quatre bras » (comme dit ma maman).
16 février 2014 à 18:42
[…] GeoBlog de GeoRezo.net sur la directive INSPIRE « Pourquoi on ne respecte pas (toujours) les droits de propriété intellectuelle? PLU-SUP : où est le standard de référence? […]