INSPIRE/OGC c’est quoi le but du jeu ?

On Thursday 26 May 2011 à 06:00, in BIG Articles, by ROBIDA

L’activité de beaucoup d’entre nous est aujourd’hui mobilisée par la mise en œuvre de la Directive Inspire, et l’obligation que les acteurs publics ont de respecter la lettre de la loi. Les difficultés de lecture, d’interprétation et de mise en œuvre opérationnelle du texte de la Directive ne doivent cependant pas nous faire oublier le but du jeu !

Car de quoi est-il question avec INSPIRE ? Pour avoir participé depuis 2003 au groupe d’experts de la Commission Européenne chargé de préfigurer INSPIRE, j’avoue que j’ai parfois du mal à retrouver l’esprit derrière la lettre.

Pour moi, INSPIRE est un formidable catalyseur qui permet de mobiliser les différentes communautés, de leur faire bâtir ensemble une infrastructure de données « géospatiales ». Tout ceci passe bien entendu par l’accord autour d’un certain nombre de standards partagés et l’obligation des acteurs publics (pour simplifier) de faire connaître et de diffuser « leurs » données suivant ces règles. Ces règles sont bâties sur tout le socle de standards et de spécifications développé par l’OGC et l’ISO. Le consensus autour de ces choix est déjà en lui-même une étape importante.

Mais bâtir une infrastructure n’est évidemment pas une fin en soi. Ce dont il s’agit ici est bien de permettre l’interopérabilité entre acteurs, publics et privés. J’emploie ici le terme interopérabilité dans le sens de « capacité à coopérer », ce qui évidemment va bien au-delà de la conformité à une obligation. Cette interopérabilité doit ainsi faciliter le développement de nouvelles applications, de nouveaux outils, de nouvelles informations qui permettent  aux professionnels (politiques, industriels) et au citoyen de prendre des décisions plus éclairées. Si le socle de l’infrastructure ne permet pas ce développement d’un écosystème (acteurs, standards, données, services) où l’interopérabilité permettra aux acteurs de créer de la valeur, alors l’investissement de départ aura été largement perdu.

L’application « a minima » des règles (si complexes soient-elles déjà) d’INSPIRE ne suffira pas à faire vivre cet écosystème, il faudra aussi la volonté des uns et des autres d’aller au-delà, de « co-produire » des services en commun, de développer de nouveaux standards (modèles de données plus évolués que ceux d’INSPIRE au sein des communautés, mise ne œuvre des standards d’échange entre capteurs via sensorweb,…).

Un certain nombre d’acteurs français ont fait cette analyse depuis quelques années, et ont fait le choix de s’investir (et d’investir) dans les travaux de l’OGC. Ils se retrouvent aujourd’hui au sein du Forum Français de  l’OGC (http://www.forumogcfrance.org/), dans le but de mieux comprendre les standards OGC, de participer aux travaux en cours et si possible de les influencer. Pour tous ces acteurs, il s’agit bien d’un investissement sur le long terme, et de permettre à chacun, dans son rôle, de faire évoluer les outils, les produits et les services qu’il développe, voire de les proposer hors de nos frontières en s’ouvrant sur l’espace européen couvert par Inspire.

Dans cette logique, INSPIRE n’est, si l’on peut dire, qu’un déclencheur permettant le développement d’un nouveau modèle de coopération entre acteurs, ce n’est pas une fin, ce n’est que le début.  A nous d’être inventifs, et d’avoir de l’inspiration…

Rédacteur : François Robida

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4 Responses to “INSPIRE/OGC c’est quoi le but du jeu ?”

  1. Marc Leobet dit :

    +1.
    Je signale simplement que l’esprit de 2003 ne peut pas être celui de 2007, pour la bonne raison qu’une majorité des Etats membres n’en voulait pas. La directive INSPIRE est le fruit d’un compromis, comme d’habitude, d’ailleurs. L’important est que ce soit bien le déclencheur de quelque chose de plus.

  2. François Robida dit :

    Je ne critique nullement l’esprit de compromis, qui a abouti à quelque chose de finalement assez proche de la cible initiale. Mon propos est de souligner qu’INSPIRE peut/doit être vécu comme une chance plutôt que comme une contrainte…

  3. pierrel dit :

    Merci pour ce rappel de la philosophie d’Inspire. Je note aussi que la Directive (et ses réglements associés) va beaucoup plus loin que les autres législations sur l’accessibilité de l’information publique, réutilisation des données publiques,etc…voire même des démarches openData qui fleurissent en France. Ici, la puissance publique ne se limite pas à mettre en ligne de l’information géographique publique (sans interopérabilité réelle) et laisser le secteur privé s’en emparer pour faire du business (avec les aléas associés comme la non mise à jour, pas de volonté d’interopérabilité,…). Il s’agit ici d’une infrastructure en réseau avec des services en ligne qui est une opportunité pour les acteurs publics de gérer et maîtriser – dans le bon sens du terme – la publication et la réutilisation de son patrimoine d’information par d’autres (et évidemment le secteur privé pour produire des services à valeur ajouté). C’est aussi un choix de la répartition public / privé dans la gestion de l’information.

  4. […] clair : le document technique sur le service de consultation est indispensable pour réussir l’interopérabilité dans Inspire – la directive et les règlements ne suffisent pas. Le choix du WMS est une excellente […]