Le standard WMS de l’OGC est surement le plus connu des services défini par l’instance internationale à ce jour, ayant largement concouru à sa reconnaissance dans le monde de la géomatique et plus largement sur le Web pour visualiser une donnée geolocalisée. La directive européenne Inspire impose la mise en oeuvre d’un service de consultation par les autorités publiques pour accéder à l’affichage distant de données géographiques via Internet. Le choix du standard WMS était donc assez naturel pour répondre à cette exigence de la directive européenne. Même succès garanti ? Pas si sur…

WMS, un service de consultation simple de données géographiques

Le standard WMS, Web Map Service, définit un service permettant d’appeler une ou plusieurs couches de données géographiques sur une emprise géographique rectangulaire et d’avoir en retour une image des données dans la zone avec une représentation définie (couleur,…). Pour les curieux, se reporter à la fiche du forum français OGC. La force du WMS est sa simplicité pour les utilisateurs puisqu’il suffit d’afficher l’image retournée par le service pour visualiser la donnée recherchée. Google n’aurait pas fait mieux (et le pratique indirectement dans ses outils géographiques). La communauté géoinformatique, et tout particulièrement le monde du libre, l’a rapidement compris en le proposant dans ses solutions techniques. Aujourd’hui, rien n’est aussi simple – ou presque- de publier un service WMS sur Internet.

En seconde position dans la directive Inspire – après les metadonnées et leurs services associés- le service de consultation  est défini permettant au moins d’afficher des données, de naviguer, de changer d’échelle, d’opter pour une vue panoramique, ou de superposer plusieurs séries de données consultables et d’afficher les légendes ainsi que tout contenu pertinent de métadonnées.

Assez logiquement, le guide technique élaboré par les experts européens confirme que le standard WMS de l’OGC est conseillé pour offrir un service de consultation conforme à Inspire. Afficher des données sous forme d’images à différentes échelles, superposer des couches de données et afficher une légende sont les opérations de « base » du service inventé par l’OGC. Ouf ! diront la plupart des producteurs de données déjà avancés vers la publication sur Internet…

Inspire veut aller plus loin que le standard

Une analyse plus approfondie du guide technique publiée le 31 mars 2011 – le 01/04, on aurait pu croire à un poisson… – montre que les producteurs ne sont pas tout à fait au bout de leurs peines pour être conforme à la Directive :

  • Déjà la version du standard à utiliser : WMS 1.3 notamment pour des raisons de meilleur interopérabilité (système de projection,…). Les outils commencent à proposer cette version du service de l’OGC, à condition de les mettre régulièrement à jour ;
  • Des règles en plus pour simplifier l’interopérabilité entre les utilisateurs: formats image (png et gif) imposé, système de projection défini,… A chacun de bien contrôler ses configurations de ses services publiés ;
  • La définition d’une extension du XML retournée lors de l’appel de l’opération de description du service (GetCapabilities). En effet, et sans entrer dans le détail, la description du service proposé par l’OGC ne satisfaisait pas les exigences INSPIRE : Il a fallu ajouter un ensemble de champs (balises au sens XML) pour décrire chaque couche de données (des métadonnées diraient certains…). Deux scénarios sont même possibles pour les décrire, histoire de complexifier la mise en oeuvre…
  • Enfin, la gestion de la langue a été ajoutée car l’Europe est un continent plein de langues (et de cultures). Pour l’instant, l’OGC n’a pas été capable de proposer une solution pour cet enjeu ; Inspire a défini sa solution…

Evidemment, pour ses deux derniers points, le standard WMS est étendu avec de nouveaux paramètres et des schémas de retours complétés. Les logiciels devront suivre… ou pas. Cf. par exemple l’analyse autour du logiciel Mapserver.

Soyons clair : le document technique sur le service de consultation est indispensable pour réussir l’interopérabilité dans Inspire – la directive et les règlements ne suffisent pas. Le choix du WMS est une excellente opportunité pour renforcer la légitimité du standard de l’OGC et il constitue l’une des meilleures chances de gagner le pari de la visualisation partagée de l’information géographique dans l’infrastructure européenne. On s’inquiétera juste des petits changements qui peuvent faire grincer cette belle mécanique…

Rédacteur : Pierre Lagarde

 

 

2 Responses to “Services de consultation INSPIRE et le WMS de l’OGC : Identiques et …différences”

  1. Pierre L dit :

    Je complète mon article avec ce lien sur des travaux prévus autour de mapserver vis à vis d’Inspire : http://www.google-melange.com/gsoc/project/google/gsoc2011/sleopold/2001

  2. Guillaume dit :

    Jolie synthèse, merci. Néanmoins le WMS m’a toujours semblé un peu tordu. C’est une service de visualisation, mais il implémente l’opération GetFeatureInfo clairement relative à des Features (type WFS) et non à de l’image. Ce standard étant le plus ancien, j’ai souvent l’impression qu’on y a fourré les opérations de base qu’on voulait réaliser avec une carte sur le web : navigation (zoom et pan), ajout/suppression de couches, légende et info simple sur clic. J’ai parfois l’espoir que le WMS disparaisse en tant que tel, pour être remplacé par du WFS avec un FORMAT=image/png. Cela rendrait sans doute les choses plus claires.